Biographie Patrick Geddes

Sir Patrick Geddes (1854-1932)
 

Né à Ballater, Écosse, en 1854, il meurt à Montpellier à l’âge de 78 ans.

À la fois biologiste, sociologue, urbaniste et éducateur, sa vive curiosité intellectuelle l’amène à s’intéresser aux théories des arts et des lettres, de l’histoire et à bien d’autres domaines.

Issu d’une famille modeste, il grandit dans un cottage de Perth (Écosse) où il s’intéresse précocement à la biologie. Fortement déçu par les méthodes d’enseignement sclérosées de l’époque, il quitte l’université d’Édimbourg et ce n’est qu’à Londres, lors des cours de biologie de Thomas H. Huxley qu’il retrouve l’enthousiasme d’apprendre. Avide de nouveaux horizons, il est guidé par Huxley vers Roscoff en 1877, à la station de biologie marine du professeur Lacaze-Duthiers, point de départ d’un voyage initiatique en France qui fut pour lui « un moment de renouvellement total ». Il y découvre, fasciné, la pensée d’Auguste Comte sur la classification historique des sociétés et la sociologie de la famille de Frédéric Le Play qu’il combine en une science sociologique d’un « univers en mouvement ». Il y rencontre également Charles Flahault avec qui il noue une amitié durable.

La triade "lieu - travail - peuple" adoptée par Geddes, dans Branford (Sybella), Farquharson (Alexander), An Introduction to Regional Surveys, Westminster : Leplay House Press, 1924 (BIU Montpellier-section Droit-GED 87050 RES)
La triade "lieu-travail-peuple" adoptée par Geddes

Après une expédition au Mexique (1880), il contracte une cécité temporaire causée par des travaux excessifs au microscope. Sa convalescence de six semaines en chambre obscure fut d’une importance capitale dans sa vie car il oriente son esprit, sur le modèle de la triade lieu-travail-famille de Le Play, vers la classification des connaissances et l’expression graphique de la pensée. Son centre d’intérêt bascule alors vers l’urbanisme et l’activisme social.

En 1892, Geddes acquiert une tour médiévale dans le centre d’Édimbourg et y installe son Outlook Tower (« tour de vision »), qu’il conçoit à la fois comme musée et observatoire urbain et que le sociologue Charles Zueblin considère comme « le premier laboratoire sociologique au monde ». Il s’attache également à la réhabilitation des « taudis sociaux » du centre historique d’Édimbourg, créant espaces verts et résidences universitaires. Il conceptualise son action urbanistique comme une reconstructive surgery (chirurgie reconstructrice).

Milnes Court, Lawnmarket (Edimbourg) par Bruce J. Home, dans GEDDES, Patrick, The Civic Survey of Edinburgh, Ediimbourg / Chelsea : Civic dept., 1911( BIU Montpellier-section Droit-GED 87097 RES)
Milnes Court, Lawnmarket (Edimbourg) par Bruce J. Home

Grand voyageur et conférencier, Geddes parcourt le monde des Indes aux États-Unis. Il lance un projet de renouveau agricole à Chypre en 1897 au profit des fermiers arméniens exilés. De 1914 à 1929, ses travaux d’urbanisme l’amènent en Inde et en Palestine où il conçoit le plan de la ville de Tel-Aviv (1925).

Dès le début du XXe siècle, il redouble d’initiatives dans les domaines urbanistique et sociologique. Il est co-fondateur de la Société de sociologie à Londres. En 1903 il publie son premier travail important en urbanisme : City Development: a Study of Parks, Gardens and Culture Institutes et en 1911 il crée une exposition intitulée « Cités et urbanisme », symbole de sa sociologie active, qui fait le tour du monde. En 1915 il publie Cities in Evolution, un de ses livres les plus connus sur les aspects physique, économique et social d’une ville.

En 1924 il s’installe à Montpellier où il crée le Collège des Écossais dans le but de fonder une Cité Universitaire Internationale consacrée à la poursuite de sa philosophie de renouveau de la vie, auprès de l’université de Montpellier. Il la dirige jusqu’à sa mort en 1932. Il avait été peu de temps auparavant nommé Chevalier par le roi d’Angleterre pour les longs services rendus à l’éducation.

Patrick Geddes travaille pendant cinquante ans à la rééducation vitale de tous et démontre par son propre exemple cette vérité qu’il adopte comme devise philosophique : Vivendo Discimus (on n’apprend qu’en vivant).